Alleluiah Graffiti - Jean-Philippe Audin
32 parfums acoustiques pour violoncelle seul
Alleluiah Graffiti - 32 parfums acoustiques
variations sur le prélude de la suite BWV 1007 de J.-S. Bach
Le Prélude en sol occupe une place à part dans la musique.
Après avoir tenu longtemps le rôle assigné par son compositeur, Jean-Sébastien Bach, de pièce inaugurale de la série des six Suites pour violoncelle seul, le Prélude a entamé, à partir de la deuxième moitié du XXème siècle une carrière brillante en solo dans le cinéma et la publicité. Gravé dans le marbre de l’inconscient collectif, il est toujours accueilli avec reconnaissance par le public de tout âge et obédience.
L’expérience forgée au cours de multiples exécutions de l’intégrale des six Suites de Bach m’a montré que les danses de cour qui suivent ne reçoivent, et de loin, pas le même accueil que cette première pièce. Sauf à rejouer les préludes à la fin de chaque suite, après les gigues, la satisfaction n’est jamais au rendez-vous, remplacée par la peur d’être perdu dans les comptes et de manquer le rendez-vous du dernier accord du dernier mouvement, grisé par l’émotion et abusé par les reprises multiples et les trois parties du menuet. De plus, la stabilité rythmique du prélude contraste paradoxalement avec les libertés prises lors de l’interprétation de danses dont les traces sont depuis longtemps effacées.
Bref ! Les premières mesures du prélude habitent les violoncellistes leur vie entière.
Avec le seul index de la main gauche ils ont pu jouer les notes de la première mesure, de la deuxième avec deux et ainsi de suite jusqu’à la quatrième. Combien de nos amis nous ont ils demandé de leur montrer ? Combien ont bredouillé en boucle ces premières notes, farfouillant la serrure d’un ciel réputé inaccessible ? Comme des professionnels, seuls entre jeu et je !
Joyeux, le motif - j’y entends l’« Alleluiah » de la joie universelle - est accompagné par le « sol » obstiné de la basse sur les temps forts, tandis que les notes intermédiaires complètent l’harmonie et assurent la continuité rythmique. Mais comment en sortir tout en y restant ?
En variant le motif et les modes de jeu, en le nourrissant de rythmes et harmonies capturés au gré des voyages et des rencontres.
Voici donc 32 variations sur le motif du prélude de la première suite de J.-S. Bach, écrites pour le violoncelle, cette formidable machine à voyager dans le temps et l’espace, et une part de son infinie variété de parfums acoustiques. Micro-préludes, graffitis (tags). Comme autant de portes bigarrées qu’ouvrirait une même clef.
Elles peuvent servir de suite à l’interprétation du prélude, comme des déclinaisons gourmandes ou faire l’objet d’ exécutions séparées. L’ordre ne répond ici qu’à une contrainte éditoriale. Selon l’instant, on préférera la continuité à la surprise, la convention à la provocation. Seuls comptent le plaisir de l’interprète et celui de son auditoire. J’espère partager avec mes amis violoncellistes la joie qui fut la mienne à les écrire et les interpréter.
On s’y familiarisera avec des techniques et sonorités qui ne figurent dans aucune méthode classique. Afin de permettre une exécution où la vigilance s’attache à défendre l’esprit plus qu’à la performance, les difficultés, rares, sont toutes surmontables.
Pour la raison invoquée précédemment, j’ai coutume de clore avec une version abrégée. C’est pourquoi on trouvera une indication de Coda pour le prélude final.
Enregistré au studio Davout, aujourd’hui détruit, temple de la musique enregistrée où j’ai participé à tant de séances d’enregistrement, avec tant de grands compositeurs, Delerue, Legrand, Coulais, John Barry, Lalo Shifrin, Cosma, Kravitz, etc.
Jean-Philippe Audin
Durée : 40'
Pour violoncelle seul