Dvořák - Nouveau Monde 2.0
Orchestre de Chambre de Toulouse
Gilles Colliard, direction
Fascinante relecture électroacoustique de la Symphonie du Nouveau Monde ! Dans la continuité de leur volonté de démocratiser la musique, l’Orchestre de Chambre de Toulouse et son directeur musical Gilles Colliard revisitent le chef d’œuvre d’Antonin Dvořák. Cent trente ans plus tard, cette musique renait dans une forme absolument originale et surprenante.
Dvořák est directeur du Conservatoire de New York lorsqu’il compose cette œuvre en 1893. C’est donc aux Etats-Unis qu’il écrit cette Symphonie, sa neuvième, sa dernière. Pourtant, à travers elle, il brosse le portrait de sa chère Bohème natale qu’il a quittée un an plus tôt. On y trouve aussi quelques couleurs amérindiennes entendues lors de ses déplacements sur le sol américain. La création connait un succès foudroyant ! Depuis, l’accueil du public est toujours aussi enthousiaste, encore au 21e siècle. Pourtant, il y en a eu des changements ! Sociétaux, musicaux, historiques… de nouvelles habitudes d’écoute, bruits de la modernité, évolution de la facture instrumentale qui voit arriver de nouveaux timbres et omniprésence de la musique dans les médias et sur nos écrans.
C’est de ce constat que les musiciens sont partis pour nous offrir leur Symphonie du Nouveau Monde. Quel beau défi ! La retoucher sans l’abimer.
L’interpréter en utilisant des instruments qui n’existaient pas à l’époque : un quatuor à cordes électrique qui rejoint l’orchestre à cordes acoustiques et un piano numérique (ou synthétiseur) qui assure, lui, toutes les parties des vents. Un univers sonore s’ouvre : les thèmes si connus sont sublimés par des couleurs supplémentaires, sans qu’elles n’en dénaturent la texture. Nous sommes invités à un voyage dans le son.
Voici donc Nouveau Monde 2.0 : cette nouvelle nomenclature intime suffit à reproduire toutes les parties de l’orchestre symphonique. Grâce à l’amplification et quelques micros, le même volume sonore est obtenu.
Avec ce grand souci de l’authenticité musicale, le désir de Gilles Colliard est avant tout de ne pas déformer le propos du compositeur. La structure des quatre mouvements de l’œuvre est ainsi intégralement conservée. Et l’interprétation vient enrichir cette nouvelle lecture… moderne et respectueuse. Tout comme Dvořák en son temps compose selon les instruments à sa disposition, en 2024 l’Orchestre de Chambre de Toulouse, à son tour, utilise des instruments modernes et se sert de l’électrique.
Ravel déjà en 1922 orchestre les Tableaux d’une exposition cinquante ans après la version originelle pour piano de Moussorgski. Il respecte scrupuleusement la partition, mais fait appel à un jeu original de percussions (crécelles, tam-tam, cloches…), des vents (saxophone, tuba…) et des procédés modernes : trompette avec sourdine, tremolo de flûte et glissandi de cordes sur la touche. Que de nouvelles couleurs ! Et pourtant, l’œuvre reste la même. Il en est de même, pour citer d’autres exemples, avec la transcription de Jean-Sébastien Bach de certaines œuvres de Vivaldi ou plus tard Serge Gainsbourg reprenant quelques Préludes ou Études de Chopin (ou son Initials B.B. avec un beau clin d’œil… à Dvořák !)
Toute musique vit et renait dans l’époque qui l’écoute.
En quelques notes, nos oreilles reconnaissent la Symphonie du Nouveau Monde. En quelques notes, elles sont magnifiquement projetées dans la modernité… dans NOTRE Nouveau Monde.
Gabrielle Oliveira Guyon
27 mars 2024
Anton Dvořák
Symphonie du Nouveau Monde
Symphonie n°9 en mi mineur B178 (op.95)
Orchestre de Chambre de Toulouse
Gilles Colliard, direction