Trois Mélodies pour un conte lunaire - Martial Host
Pour mezzo soprano et piano
Trois Mélodies pour un conte lunaire - Martial HOST
Pièce commandée par la chanteuse mezzo-soprano Julie Prayez (Belgique),
créée avec Julie Delbart (Belgique) au piano le 11 janvier 2022 à la Salle Cortot à Paris.
Texte de Bruno Charrier (France).
I. La Légende
La première mélodie plante un décor lunaire figé et étrange qui accueille le récit d'une légende de village rappelée par l'héroïne et disant ceci : deux enfants partirent dans la forêt interdite et ne revinrent jamais, se moquant ainsi des anciens qui leur en interdisaient l'accès ! Par l'intercession de la lune complice, notre héroïne se confie au point d'évoquer son profond désir de transgression et de liberté, symbolisé ici par le chant sauvage de la nature... Musicalement, une « gamme synthétique » à transposition limitée (la gamme demi-ton suivie d'un ton) a été choisie pour son côté circulaire et fermé, presque sans issue. Elle sera rappelée dans les trois mélodies, non sans évoquer les cycles lunaires.
II. Fiançailles lunaires
La deuxième mélodie, plus folle et relevée, est une danse amoureuse, prénuptiale et sauvage sous le miroir lunaire, celle de fiancés emportés par une fougue indomptable et par le violent attrait de la nature. Le désir de liberté originelle irréductible - promesse de transgression qui selon les amoureux serait le seul moyen de vivre un amour toujours neuf et déchargé de toute convention - est traité par une polytonalité non fonctionnelle qui casse les codes. Si elle se fait sentir au milieu du mouvement par un retour de la gamme synthétique, la crainte de l'échec finira par laisser place à la bravoure juvénile presque arrogante.
III. La Procuration
La troisième mélodie, plus dramatique, nous jette dans l'effroi de l'inexorable âpreté du temps qui passe... Un do répété obstinément assomme définitivement tout espoir. Voici le temps de faire les comptes. Les « crocs » du quotidien n'ont hélas pas permis aux deux héros d'épouser le rythme sauvage de la nature. Brutal retour à la réalité ! La seule échappatoire de l'héroïne consiste à se laisser à nouveau un peu rêver à ceci : puisque le couple n'a pas réussi dans son entreprise, l'amoureuse - qui a maintenant vingt ans de plus - s'en remet une dernière fois à la lune. Dans une ultime confidence, elle lui demande de faire entendre à sa fille - issue de l'union avec son bien-aimé - le chant sauvage de la nature. Ce rêve se termine par une sorte de prière fragile, désabusée peut-être...
Pour mezzo soprano et piano
Durée : 13'