Les Météores - Karol Beffa
Pour quatuor de guitares
Les Météores
Commande du quatuor Eclisses
CD "Pulse" disponible chez Advitam Records
Écrire un quatuor pour guitares est une gageure pour un non-guitariste. Je m’étais certes déjà frotté à l’écriture pour cet instrument à deux occasions : d’abord un Concerto pour guitare et cordes (2010), puis une œuvre pour guitare seule, Le Miroir des heures (2014). Mais ma reconnaissance est grande envers le quatuor Eclisses, commanditaire et dédicataire de l’œuvre, qui, au fur et à mesure de nos nombreuses séances de travail en commun, m’a permis d’approfondir les particularités de l’écriture pour guitare.
Le titre de mon quatuor concentre plusieurs références. Météore vient du grec meteôros, « élevé dans les airs » — d’où l’appellation des célèbres monastères des Météores, qui se dressent sur de vertigineux pitons rocheux. Par ailleurs, Les Météores est un ouvrage de Descartes datant de 1637 qui donne une des premières explications scientifiques de l’arc-en-ciel. Enfin, on ne peut négliger le roman du même nom de Michel Tournier, qui nous parle des surprenants mystères de la gémellité.
J’ai voulu ce quatuor en trois mouvements, qui peuvent se jouer séparément. Le premier est construit dans sa partie centrale sur des canons de plus en plus rapprochés, en progression inexorable comme une houle, qu’encadrent de brèves séquences rappelant le Steve Reich d’Electric Counterpoint. Les guitares dessinent des lignes entremêlées aux harmonies vénéneuses, trame d’un tissu ondoyant, mouvant : ces lignes s’affaissent mais progressent cependant par degrés ascendants donnant l’illusion d’une montée infinie. Le deuxième mouvement, lui, est un kaléïdoscope de mesures irrégulières, de contrastes affirmés de timbres et de sonorités, aux rythmes chaloupés, andins. Quant au troisième, son écriture décomplexée peut faire penser aux dessins animés de Tex Avery ; s’inspirant ouvertement de certaines musiques actuelles, son thème apporte un élément dynamique, franc, mobile, au diatonisme apollinien, à l’opposé du dionysiaque plus trouble du premier mouvement.
Karol Beffa, juillet 2016
Durée : 11'
Nomenclature : quatuor de guitares