Pulsion - Benoît Chantry
pour saxophone alto et clarinette basse
Entre sa signification psychanalytique, l’idée de poussée contenue dans son origine latine et sa sonorité proche de « pulsation », le mot « pulsion » se choisit ici un sens privilégiant la notion involontaire, instinctive. Cette pulsion, presque automatique, se voit dans un premier temps traitée comme telle, en homorythmie, avant d’être progressivement domptée. Codée, elle prend un aspect proche du morse, et se fait entêtante, tonifiante, stimulante, excitante. Elle se cherche une porte de sortie, qu’elle trouve dans l’abandon de l’homorythmie au profit d’une construction rythmique complexe. Elle se cherche tout court, et trouve son futur dans des mutations, rythmiques et harmoniques, jusqu’à permettre au compositeur de la changer en émotion. Qui l’eut cru ? Au milieu de ce déferlement, les deux instruments prennent soudain de la hauteur, s’écoutent, se regardent, surpris de la disparition soudaine de ce qui les animait depuis le début de cette pièce sans repos.
Chacun le sait : la pulsion resurgira, et bien plus tôt qu’on n’aurait pu l’imaginer… Dans un mouvement quasi enivrant, elle nous entraîne vers un climax intense, avant d’offrir aux interprètes de quoi s’immerger en elle : une improvisation, parfait prolongement de l’esprit pulsé, seul prétexte de cette composition. Mais le mot « pulsion » est aussi (et surtout ?) l’anagramme d’Upsilon, duo pour lequel la pièce a été composée.
Benoît Chantry
Durée : 6'30
Nomenclature : saxophone alto et clarinette basse