Paraphrase sur Eugène Onéguine - Piotr Ilitch Tchaïkovski
Pour flûte et piano
Œuvre inspirée du roman éponyme de Pouchkine, Eugène Onéguine compte, avec la Dame de Pique, parmi les plus célèbres opéras de Tchaïkovsky. Créé au Théâtre Maly par des étudiants du Conservatoire de Moscou en 1879, Eugène Onéguine est repris avec succès au Bolchoï. Immédiatement, plusieurs musiciens se saisissent de l’ouvrage pour en reprendre contours et thèmes et lui consacrer l’écriture de paraphrases pour divers instruments. Parmi les plus réussies, on retient la paraphrase pour piano de Paul Pabst, professeur au Conservatoire de Moscou, ainsi que la paraphrase pour violon et piano sur l’Air de Lensky du 2e acte de Léopold Auer. Ce dernier, d’ailleurs, n’est autre que le dédicataire du Concerto pour violon... de Tchaïkovsky ! Franz Listz, quant à lui considéré comme le maître absolu en matière de paraphrase d’opéra, n’est pas en reste puisqu’il signe également une paraphrase sur la Polonaise du 3ème acte.
En 1888, Tchaïkovsky réalise une grande tournée européenne. De passage à Paris, il rencontre le grand flûtiste français de l’époque, Paul Taffanel, qui sera nommé cinq ans plus tard professeur au Conservatoire de Paris. A l’occasion de leur rencontre, Paul Taffanel rend hommage au compositeur en interprétant une transcription sur l’Air de Lensky de l’acte I qu’il a lui-même écrite. C’est ainsi que se noue un lien d’amitié et d’admiration réciproque entre les deux hommes. Dès lors, l’idée d’écrire un concerto pour flûte fait son chemin dans l’esprit de Tchaïkovsky. Il disparaît cependant cinq ans plus tard, quelques jours après la création de sa Symphonie Pathétique, laissant le Concerto à l’état d’ébauche. De cette occasion manquée, les flûtistes ressentent encore aujourd’hui la frustration de ne posséder dans leur répertoire aucune œuvre du compositeur russe. Il n’est donc pas surprenant que les flûtistes, notamment sous l’impulsion d’Emmanuel Pahud, s’emparent de la paraphrase pour violon sur l’Air de Lensky de Léopold Auer.
Paraphrase originale pour flûte, la présente fantaisie se distingue de l’existant en revisitant plusieurs des principaux thèmes de l’opéra : l’Air de Lensky de l’acte I, l’Air de la lettre, l’Air du Prince Gremin de l’acte III et la célèbre Polonaise. Elle s’agrémente également d’éléments plus personnels comme l’impose l’exercice, tels que les transitions et les cadences, propres à mettre en valeur la virtuosité instrumentale de la flûte.
Paris, le 10 juin 2022
Laëtitia Brault et Jean-Christophe Maltot
Arrangement : Jean-Christophe Maltot
Durée : 11'
pour flûte et piano